Dans une ère où l'inclusion et la diversité sont des valeurs cruciales, il est essentiel de reconnaître et de combattre toutes les formes de discrimination. Parmi celles-ci, la discrimination capillaire, souvent sous-estimée, a des répercussions profondes sur la vie quotidienne de nombreuses personnes. L'adoption d'une loi contre cette forme de discrimination constitue un pas important vers une société plus juste et équitable. À travers cet article, plongeons dans les détails de cette législation, pour que la loi sur la discrimination capillaire ne soit plus un mystère pour toi !
La discrimination capillaire, qu’est-ce que c’est ?
La discrimination capillaire désigne toute forme de préjudice ou de traitement injuste basée sur la coiffure ou le type de cheveux. Celle-ci vise tout individu arborant une coupe/couleur de cheveux qui ne font pas partie de la norme suggérée par la société. Nous le savons, la norme de la société occidentale est le cheveu lisse de couleur brun à blond. De ce fait, la discrimination capillaire touche les cheveux texturés, les chauves et les roux.
Cette forme de discrimination peut prendre de nombreuses formes, allant des politiques d'entreprise qui prohibent les coiffures naturelles à la stigmatisation sociale des cheveux texturés.
Cependant, bien souvent, cette forme de discrimination est dirigée contre les personnes aux cheveux crépus/bouclés ou portant des coiffures tel que les tresses, les locks ou les twists.
Au sujet de la discrimination des cheveux afro on parle également de “hairism”. Un terme anglo-saxon associant “hair” et “racism” dont l'idéologie consiste à dénigrer ou invisibiliser les cheveux texturés.
Air France : Discrimination capillaire au travail
Prenons l’exemple d’une affaire médiatisé qui illustre parfaitement la discrimination capillaire au travail en France. Air France, l'une des principales compagnies aériennes mondiales, s’est retrouvé en 2022 au cœur d'une controverse après que des accusations de discrimination capillaire ont été portées à son encontre.
Tout commence en 2005 lorsqu’un steward travaillant pour la compagnie aérienne depuis des années décide de venir au travail avec ses locks noués en chignon. La compagnie lui refuse l’embarquement sous prétexte que les tresses africaines sont autorisées pour les femmes (à condition d’être attachées en chignon) et non les hommes.
L'employé a essayé différentes coiffures qui respectaient les critères de longueur et de volume exigés, mais aucune n'a été jugée acceptable par l'employeur. En conséquence, il s'est vu refuser l'embarquement à plusieurs reprises et a été sanctionné par une mise à pied. Pour pouvoir travailler, le steward a dû porter une perruque lisse pour cacher sa coupe de cheveux et cela pendant de nombreuses années.
En 2022, après dix ans de procédure, il a réussi à obtenir la condamnation de la compagnie aérienne pour discrimination. Cependant, la discrimination identifiée était liée au genre, étant donné que le règlement d'Air France permettait spécifiquement aux employées de sexe féminin de porter des tresses, contrairement aux employés masculins.
C’est cette affaire qui a incité le député Liot Olivier Serva à soumettre une proposition de loi contre la discrimination basée sur la coiffure.
Loi contre la discrimination capillaire au travail
Le jeudi 28 mars 2024, l’Assemblée Nationale adopte la proposition de loi sur la discrimination capillaire. En réponse à l’affaire d'Air France, elle empêche les entreprises à contraindre les salariés ou les candidats à une offre d’emploi à cacher leurs tresses, locks ou à lisser/attacher leurs cheveux pour dissimuler une coupe afro.
Bien que les textes juridiques reconnaissent 25 discriminations liées à l’âge, le genre, les convictions religieuses ou encore l’apparence physique, cette loi met tout particulièrement l’accent sur les discriminations basées sur la coupe de cheveux. Et plus précisément, elle inscrit les discriminations relatives à la coupe, la longueur ou la texture des cheveux.
Celle ci vise donc à reconnaître et à sanctionner la discrimination capillaire.
Désormais, lorsqu’on te fera un commentaire désobligeant sur ton afro, ta coiffure protectrice ou encore tes locks, ces propos pourront être sanctionnés jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000€ d’amendes.
L’adoption de cette loi qui représente pour nous une avancée significative vers une société plus inclusive a malheureusement des limites. Actuellement il existe encore des restrictions en ce qui concerne les coiffures, surtout si elles sont justifiées pour des raisons d'hygiène ou de sécurité.
La prochaine étape consistera en l'examen du projet de loi par le Sénat, suivi éventuellement de sa promulgation en tant que loi, sous réserve d'un éventuel examen par le Conseil constitutionnel.
Une loi qui nous tient à coeur
Ghana, la fondatrice de Les Ateliers Crépus a eu le privilège de participer à la proposition de cette loi contre la discrimination capillaire. Nous pensons que chaque personne devrait être en droit de porter ses cheveux au naturel sans crainte d’être jugée ou discriminée.
Dans notre mission pour que les cheveux soient justement considérés dans la société, nous tenions à apporter notre soutien à cette proposition de loi.
Alors si toi aussi tu désires participer au changement, tu peux signer cette pétition ici.
Ainsi, en reconnaissant et en combattant cette forme de discrimination, nous nous engageons à créer un monde où chacun est libre d’être qui il est, sans crainte de discrimination ou de préjudice.